• Construire sur ce que les autres disent (exercice)

    Comme nous avions constaté que les élèves ne construisaient pas sur ce que les autres disaient, nous avons pensé leur faire inventer une histoire en tenant compte de ce que les autres disent. Cette idée, c'était notre concept de base. Nous n'avions pas encore pensé à comment la faire vivre...

    Au moment où mes élèves s'installaient, je cherchais encore un moyen de leur faire vivre l'exercice. (Je suis une fille très instinctive à ce niveau.) Je dois sentir le poulx afin de voir le "comment". Puis, une petite lumière, un eurêka, est venu allumer ma lanterne lorsque je me suis rappellé les fameux Lego. Malheureusement, je n'avais pas de Lego dans ma classe, mais des centicubes. "Ça fera l'affaire." me suis-je dit. (Je sais que vous êtes impatients de savoir, attendez encore un peu!)


    Avant d’expliquer l’activité, j’ai demandé aux élèves de me dire dans leurs mots ce qu’est "construire sur ce que les autres disent".

    - C’est dire quelque chose qui a rapport avec ce que les autres ont dit.

    - Il faut se demander si ce qu’on va dire va faire avancer la discussion. Il faut aussi se demander trois choses quand on veut dire quelque chose. Est-ce que je suis en train de faire la bonne chose, au bon moment et au bon endroit. (Je vois que mes "dictons" servent à quelque chose!)


    Je leur explique qu’ils recevront un centicube qui représentera leur idée. Puis que je commencerai une histoire, en posant mon centicube sur le tabouret, qu’ils devront poursuivre à tour de rôle en prenant bien soin de construire sur ce que les autres disent. Puis, ils iront mettre leur centicube sur la construction qui se trouve sur le tabouret.

    J’insiste sur le fait que leur idée doit être en lien avec ce que les autres ont dit, il faut que ce soit cohérent et pertinent.
    J’insiste aussi pour leur rappeler de donner la parole (la balle de laine) à différentes personnes. Pour ce faire, ils devront observer qui a levé la main en premier et essayer de respecter l’ordre. Je leur ai dit également qu’il est possible que leur idée ne soit plus en lien avec ce qui vient d'être dit, dans ce cas, ils peuvent baisser la main et attendre d’avoir une nouvelle idée.

    C’est ainsi qu’un élève ajoute :

    - Donc, nous avons un seul droit de parole. Nous devons l’utiliser au bon moment, pour dire une chose constructive.


    L'histoire qui se construit est farfelue et je n'insiste pas sur la validité des idées, mais bien sur le fait de construire sur ce que les autres disent en tenant compte de ce qui a déjà été dit.


    Pendant la construction de l'histoire, une élève se découvre une habileté surprenante pour questionner les autres. Lorsqu'une idée est émise et qu'elle croit qu'elle n'est pas en lien avec ce qui a déjà été dit, elle prend la parole:

    - Je ne suis pas certaine que ton idée fait avancer l'histoire.

    J'interviens donc:


    - Penses-tu que ton idée fait avancer l'histoire?

    - Hummm, non.
    - Qu'est-ce que tu pourrais dire pour que ton idée fasse avancer l'histoire?

    Puis, l'élève corrige son idée. Parfois, l'élève demande de reprendre son cube et laisse la chance à quelqu'un d'autre. Il dit qu'il prendra son droit de parole plus tard.


    À un certain moment, les élèves comprennent qu'ils doivent juger de l'idée proposée, mais certains le font sans grande délicatesse.


    Isabelle
    - On a le droit de dire à quelqu'un qu'on croit que son idée ne fait pas avancer l'histoire, mais pas de n'importe quelle manière. En formulant une question, l'autre élève est amené à clarifier son idée et à se questionner. Par exemple:

    - Que veux-tu dire par...?
    - Es-tu certain que ton idée fait avancer l'histoire?


    Je n'insiste pas davantage, mais le message est fait. Nous y travaillerons plus tard.


    Pour terminer l'exercice, je leur fais part de mes remarques:


    - Je suis vraiment satisfaite du travail que vous avez fait aujourd'hui. Vous vous êtes engagés à construire sur les idées des autres et c'est ce que vous avez réussi à faire. Vous avez même réussi à questionner les autres sur leurs idées afin de voir si elles faisaient avancer l'histoire. De plus, vous avez fait un réel effort pour varier les droits de parole. Vous vous êtes souciés de donner le droit de parole à d'autres personnes qu'à vos amis. Toujours les garçons ont donné le droit de parole aux filles et les filles aux garçons. Bravo! Je suis vraiment fière de votre travail!


    Les centicubes ont contribué grandement à cette construction. Les blocs rendaient concret un concept abstrait. Il reste maintenant à réinvestir ce travail durant les CRP. En voyant leur volonté de s'améliorer, je crois que nous ferons des pas de géants à vive allure...


    Suite à cette activité, mon cerveau n'a cessé de voir nombreuses possiblités aux blocs Lego!!!


  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Mars 2012 à 17:27

    ah ben oui alors... belle histoire et belle idée !!!

    Je ne sais pas comment on dirait ici "construire sur ce que les autres disent", mais tout ça me parle, car je me suis lancée (avec un peu de feeling, comme toi, lors des séances) dans la rédaction tous ensemble d'un livre dont on est le héros. Hélas, j'ai choisi pour cela la classe qui a le plus de mal à coopérer... donc ton article m'inspire. Je ne vais peut-être pas utiliser les briques, mais un dessin de briques sur un grand affichage pour concrétiser les avancées du livre.

    Avec un peu de chance, le vidéo-projecteur ne devrait pas tarder à être utilisable et ce sera encore plus simple pour "construire" !

    Rhalala, génial !!! C'est toujours quand je fatigue, et juste avant de reprendre en me demandant comment m'en sortir que je trouve le petit "plus" chez Alet ou toi !!!

    2
    Vendredi 9 Mars 2012 à 19:17

    Oui, ce groupe de 4ème année (9 ans) avait énormément de talent pour la philosophie. Ils progressaient à vive allure et tu aurais dû voir les étoiles dans leurs yeux quand on parlaient enfin des vraies choses...

    C'est une bonne idée le livre dont vous êtes le héros. L'image des briques devraient faire également le travail. L'idée est de rendre plus concrête une idée qui est abstraite...

    Le partage est vraiment un gros plus dans notre métier effectivement!

    Donne-m'en des nouvelles!

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