• Chapitre 2 (1ère partie)

    Lecture du texte
    Les élèves sont disposés en cercle gars/fille. Aujourd’hui, la mère d'un élève vient filmer la communauté de recherche philosophique. La lecture de déroule à tour de rôle en décrivant le sens horaire.

    Suite à la lecture, je leur demande de me dire ce qu’ils ont retenu de l'histoire. Plusieurs élèves ont trouvé des réponses aux questions qu’ils se sont posées dans la communauté précédente. Par exemple, Pixie est une fille ou un garçon? Dans le texte, on comprend que c’est une fille.

    Les questions

    Les élèves sont invités à écrire leur question au tableau en inscrivant leur prénom. Puis, nous avons amorcé l'étape de la clarification des questions. Malgré mes explications sur ce qu’est la clarification des questions, je remarque que les élèves essaient de trouver la réponse à chacune des questions. Certains d’entre eux ont compris ce qu’est-ce la clarification et aide les autres à comprendre.

    Nous n'avons pas eu le temps de passer en revue toutes les questions. Nous devrons continuer à la prochaine période.
    * Une activité sur ce qu'est la clarification des questions sera nécessaire pour faciliter le processus de la CRP.

    Chapitre 2 (2è partie)

    Exercice: qu'est-ce que "clarifier une question"

    Suite à mes remarques, je décide de placer les élèves en communauté de recherche sur ce que veut dire « clarifier les questions ». C’est ainsi que les élèves m’ont dit ce qui suit :

    Isabelle
    - Est-ce que quelqu’un peut me dire dans ses mots ce que c’est «clarifier une question»?

    Élève - Si on ne comprend pas la question qui est écrite au tableau, on pose des questions pour mieux la comprendre.

    Isabelle - Peux-tu me donner des exemples de questions que tu pourrais poser?

    Élève
    - Qu’est-ce que tu veux par ce mot?
    - Qu’est-ce que tu veux dire : « ceci » ou « cela »?
    - Qu’est-ce que tu veux dire?

    J’invite les élèves à aller écrire leurs questions ou leurs commentaires sur la feuille que j’ai laissée au centre de la communauté. Je souhaite utiliser cette feuille comme référentiel, aide-mémoire.

    Élève
    - On peut demander aussi : « Dans quel sens tu veux dire « ceci »?

    Élève - Parfois, aussi, on peut changer les mots de la question pour mieux comprendre.

    Élève - Il faut aussi poser des questions qui sont nécessaires.

    Une élève complète les propos :
    - … qui font avancer la discussion.

    Élève - On ne cherche pas à trouver la réponse.

    Puis, nous avons amorcé le travail du deuxième chapitre. Nous avons donc passé en revue quelques questions afin de les clarifier. Les élèves ont regroupé les questions qui se répétaient. À un moment, nous avons lu deux questions :

    - Est-ce que Pixie a d’autres amis qu’Isabelle?
    - Est-ce qu’Isabelle a d’autres amis que Pixie?

    Nous nous sommes demandés si ces deux questions étaient identiques. Voici ce qu’ils ont dit :

    Élève 1 - Oui, elles sont pareilles, c’est juste qu’elles sont inversées.
    Élève 2 - Justement, si elles sont inversés, elles ne sont pas pareilles.
    Élève 3 - Elle explique que l'élève 1 et elle sont meilleures amies. Si on lui demande si elle a d’autres amies que l'élève 1, elle dira oui. Si on demande à l'élève 1 si elle a d’autres amies, elle dira oui. Mais ce ne sera pas les mêmes amies parce qu’on n’aime pas tous les mêmes personnes.

    Les élèves s'investissent bien dans la communauté et tout se concrétise pour eux. J'essaie de permettre aux élèves de bouger un peu à l'aide des exercices. À chaque période philo, je tente de leur rappeller les objectifs que j'ai en tête.

    Les observateurs

    Depuis quelques semaines déjà, j'ai commencé à nommer trois observateurs par période de philosophie.

    La première fois, j'avais demandé à une élève d'observer comment se déroulait la communauté. L'élève avait noté des observations pertinentes, mais n'avait tenu compte que des commentaires concernant le comportement des élèves.

    Depuis, je demande à trois élèves d'observer des critères différents selon mes objectifs du jour. Ainsi, pour le moment, je leur demande d'observer ceci:

    Observateur 1 : il doit relever des phrases qui ont fait avancer la discussion.

    Observateur 2: il doit relever des phrases qui n'ont pas fait avancer la discussion.

    Observateurs 3: il doit observer la participation des élèves durant la CRP.

    Les élèves adorent jouer le rôle d'observateur et communiquer leurs observations. Certains de mes élèves ont du talent pour cet exercice. Leurs observations sont également très riches. Ils voient parfois certaines choses que je n'ai pas vu et complètent mes propres observations. Éventuellement, les critères des observateurs changeront selon l'évolution de la CRP.

    Chapitre 1 (3ème partie): la discussion

    Nous avons terminé de clarifier les questions qui se trouvaient au tableau. Puis, nous avons voté pour la question qui nous intéressait le plus. Ils ont choisi :

    - Quel est son animal mystère? (18 votes)

    Les élèves ont débuté la discussion en faisant une distinction entre «secret» et «mystère» :

    - Un secret c’est quelque chose qu’on garde pour soi.
    - Un mystère c’est quelque chose qu’on ne comprend pas.

    Isabelle
    - Alors, l’animal mystère, c’est un secret ou un mystère?

    La classe
    - C’est un secret.

    Élève
    - Un mystère c’est comme… (Elle réfléchit.) Mon père m’a expliqué qu’un jour quelqu’un a dit le secret de la bombe atomique à un autre pays. C’est un mystère, car on ne sait pas qui a dit le secret.

    Isabelle - Alors, l’animal mystère, c’est un secret ou un mystère?

    La classe
    - Ça peut être les deux.

    Isabelle
    - Pourquoi?

    Élève
    - L’animal mystère c’est un secret pour Pixie, parce qu’elle doit garder son idée seulement pour elle. Mais, pour les autres, c’est un mystère, car personne ne connaît son animal.

    Isabelle
    - Alors, une situation peut être un secret et un mystère.

    La classe
    - Oui.

    Isabelle - Mais est-ce qu’un mystère peut être un secret?

    Élève
    - Oui. Par exemple, le mystère de la bombe atomique [le fait qu'on ne connaît pas le nom de la personne qui a révélé le secret de la bombe atomique] est aussi un secret, car seulement la personne qui a révélé le secret sait que c'est elle. Le reste du monde ne le sait pas.

    Je n'ai pas tout le verbatim, mais je peux vous dire que cette discussion était riche en concept et riche de sens. Voici ce que nous avons abordé comme sujet

    - la définition de secret
    - la définition de mystère
    - scientifiques peuvent résoudre les mystères avec des preuves
    - un mystère peut-il être un secret
    - un secret peut-il être un mystère
    - il y a des secrets qu’on garde pour nous
    - c’est important de garder les secrets
    - il y a des secrets qui se promènent
    - il y a des secrets qu’il faut partager (sécurité physique, secrets qui nous font sentir mal)

    Je peux vous dire que nous avons été beaucoup plus loin que ce que nous proposait le guide!

    Oulalala... Bien riche cette CRP. Je peux aussi dire que les élèves n'ont parlé que pour faire avancer la discussion. C'était incroyable!

    Et dire que nous avons cette CRP sur pellicule! Fantastique!


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  • Je vous présente un groupe rock québécois qui regroupe un certain nombre de "dégénérés" et "d'illuminés" qui "flirtent" admirablement bien avec l'absurdité.

    Je vous laisse découvrir leur premier franc succès...



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  • Comme nous avions constaté que les élèves ne construisaient pas sur ce que les autres disaient, nous avons pensé leur faire inventer une histoire en tenant compte de ce que les autres disent. Cette idée, c'était notre concept de base. Nous n'avions pas encore pensé à comment la faire vivre...

    Au moment où mes élèves s'installaient, je cherchais encore un moyen de leur faire vivre l'exercice. (Je suis une fille très instinctive à ce niveau.) Je dois sentir le poulx afin de voir le "comment". Puis, une petite lumière, un eurêka, est venu allumer ma lanterne lorsque je me suis rappellé les fameux Lego. Malheureusement, je n'avais pas de Lego dans ma classe, mais des centicubes. "Ça fera l'affaire." me suis-je dit. (Je sais que vous êtes impatients de savoir, attendez encore un peu!)


    Avant d’expliquer l’activité, j’ai demandé aux élèves de me dire dans leurs mots ce qu’est "construire sur ce que les autres disent".

    - C’est dire quelque chose qui a rapport avec ce que les autres ont dit.

    - Il faut se demander si ce qu’on va dire va faire avancer la discussion. Il faut aussi se demander trois choses quand on veut dire quelque chose. Est-ce que je suis en train de faire la bonne chose, au bon moment et au bon endroit. (Je vois que mes "dictons" servent à quelque chose!)


    Je leur explique qu’ils recevront un centicube qui représentera leur idée. Puis que je commencerai une histoire, en posant mon centicube sur le tabouret, qu’ils devront poursuivre à tour de rôle en prenant bien soin de construire sur ce que les autres disent. Puis, ils iront mettre leur centicube sur la construction qui se trouve sur le tabouret.

    J’insiste sur le fait que leur idée doit être en lien avec ce que les autres ont dit, il faut que ce soit cohérent et pertinent.
    J’insiste aussi pour leur rappeler de donner la parole (la balle de laine) à différentes personnes. Pour ce faire, ils devront observer qui a levé la main en premier et essayer de respecter l’ordre. Je leur ai dit également qu’il est possible que leur idée ne soit plus en lien avec ce qui vient d'être dit, dans ce cas, ils peuvent baisser la main et attendre d’avoir une nouvelle idée.

    C’est ainsi qu’un élève ajoute :

    - Donc, nous avons un seul droit de parole. Nous devons l’utiliser au bon moment, pour dire une chose constructive.


    L'histoire qui se construit est farfelue et je n'insiste pas sur la validité des idées, mais bien sur le fait de construire sur ce que les autres disent en tenant compte de ce qui a déjà été dit.


    Pendant la construction de l'histoire, une élève se découvre une habileté surprenante pour questionner les autres. Lorsqu'une idée est émise et qu'elle croit qu'elle n'est pas en lien avec ce qui a déjà été dit, elle prend la parole:

    - Je ne suis pas certaine que ton idée fait avancer l'histoire.

    J'interviens donc:


    - Penses-tu que ton idée fait avancer l'histoire?

    - Hummm, non.
    - Qu'est-ce que tu pourrais dire pour que ton idée fasse avancer l'histoire?

    Puis, l'élève corrige son idée. Parfois, l'élève demande de reprendre son cube et laisse la chance à quelqu'un d'autre. Il dit qu'il prendra son droit de parole plus tard.


    À un certain moment, les élèves comprennent qu'ils doivent juger de l'idée proposée, mais certains le font sans grande délicatesse.


    Isabelle
    - On a le droit de dire à quelqu'un qu'on croit que son idée ne fait pas avancer l'histoire, mais pas de n'importe quelle manière. En formulant une question, l'autre élève est amené à clarifier son idée et à se questionner. Par exemple:

    - Que veux-tu dire par...?
    - Es-tu certain que ton idée fait avancer l'histoire?


    Je n'insiste pas davantage, mais le message est fait. Nous y travaillerons plus tard.


    Pour terminer l'exercice, je leur fais part de mes remarques:


    - Je suis vraiment satisfaite du travail que vous avez fait aujourd'hui. Vous vous êtes engagés à construire sur les idées des autres et c'est ce que vous avez réussi à faire. Vous avez même réussi à questionner les autres sur leurs idées afin de voir si elles faisaient avancer l'histoire. De plus, vous avez fait un réel effort pour varier les droits de parole. Vous vous êtes souciés de donner le droit de parole à d'autres personnes qu'à vos amis. Toujours les garçons ont donné le droit de parole aux filles et les filles aux garçons. Bravo! Je suis vraiment fière de votre travail!


    Les centicubes ont contribué grandement à cette construction. Les blocs rendaient concret un concept abstrait. Il reste maintenant à réinvestir ce travail durant les CRP. En voyant leur volonté de s'améliorer, je crois que nous ferons des pas de géants à vive allure...


    Suite à cette activité, mon cerveau n'a cessé de voir nombreuses possiblités aux blocs Lego!!!


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  • Chapitre 1: dialogue

    La question que les élèves ont finalement choisi est: "Est-ce que le professeur est un singe?"

    L'élève qui a écrit cette question rappelle aux autres qu'elles se posaient cette question, car dans le texte ont dit que le professeur a les oreilles décollées.

    - Non, ce n’est pas un singe parce que les singes ne peuvent pas être trop vieux.

    - Les singes ne parlent pas notre langage.

    - Les singes sont faits pour grimper et non pour écrire.

    - Je pense que c’est un macaque évolué. Les macaques évolués, c’est nous.

    Isabelle - Pour quelles raisons crois-tu que c'est un macaque évolué?

    Un élève parle de l’évolution des espèces. Au début, les singes marchaient à quatre pattes. Puis, pour voir leurs ennemis, ils ont marché sur deux pattes.

    - Oui, j’ai déjà vu dans un film un singe qui conduisait une voiture.

    - Puisque le professeur est très vieux, on dirait plutôt qu’il est un primate. Les orangs-outangs sont devenus des chimpanzés.

    -Un singe, ce n’est pas bon.

    Isabelle - Qu’est-ce que tu entends par « bon »?

    - Il ne connaît pas les mots de vocabulaire.

    Isabelle - Sur quoi on se base pour dire que le professeur est un singe?

    - On a déjà envoyé des singes sur la lune.

    Suite à cette première expérience, Nadia et moi en sommes venues à la conclusion que les élèves ne construisaient pas sur ce que les autres disaient. Ils amenaient leurs idées sans se préoccuper de construire quelque chose. Nous avons donc pensé réaliser une activité afin de les inciter à construire ensemble.

    Je vous présenterai cette activité prochainement...


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  • J'ai eu envie de garder souvenirs et traces de mes débuts (2007) en philosophie avec les enfants. Je vous en fait également part, car les enfants ne cessent de nous étonner!!!

    Ma collègue de l'époque et moi avions décidé d'utiliser le matériel Pixie avec nos élèves. Nous avions réalisé une première communauté de recherche philosophique à l'aide du premier chapitre. Ce qu'il y avait de très enrichissant pour ma collègue et moi, c'est que nous avions la possibiblité d'aller nous observer mutuellement lors de commuanutés de recherche. Nous avions donc les commentaires constructifs de l'autre et étions en mesure d'évoluer rapidement en tant qu'animatrice. C'est ainsi que nous avons expérimenté plusieurs possibilités afin d'améliorer nos communautés.

    Lors de cette communauté de recherche philosophique, les élèves en étaient à leur 1ère expérience. Nous avions donc exploré chacune des étapes de ce travail réflexif. Ils avaient beaucoup réfléchi et travaillé intérieurement... les plus expressifs prenant plus de place. Voici donc un résumé de cette 1ère CRP...

    Chapitre 1: Lecture+questions
    Voici les questions qui ont été écrites au tableau lors de la CRP avec mon groupe. Je vous transcrirai, pour quelques questions, ce qui a été dit. Vous verrez que c'est bien intéressant.

    1) C’est quoi son vrai âge?
    - Est-ce qu’on est vraiment certain de son âge?
    - Comment peut-on savoir son âge?

    Une courte discussion s’amorce. Les enfants cherchent à savoir l’âge de Pixie. Une élève demande aux élèves : « Qui a 9 ans? »; elle veut faire une moyenne.

    2) Est-ce que Pixie est un « nerd »?

    Isabelle demande de clarifier cette question.

    - Quelqu’un qui connaît beaucoup de choses.

    L. demande si c’est quelqu’un d’intellectuel. P. tente une définition
    «stéréotypée» d’un «nerd». Finalement, la question reste tel quel.

    3) Pourquoi sa mère lui dit qu’elle ressemble à du vinaigre?
    - Normalement, c’est la mère qui cuisine.
    - Chez moi, mon père cuisine beaucoup.

    4) C’est quoi son histoire?


    5) Pourquoi c’est une fille plutôt qu’un garçon?

    - Dans son nom, ça finit par un « e ».
    - Mon nom finit par un « e » et je ne suis pas une fille.
    - Ce n’est pas nous qui choisissons notre prénom.
    - C’est possible de changer de prénom. Je connais quelqu'un qui l'a fait.
    - Il y a des prénoms qui se ressemblent et qu’on peut dire si c’est une fille ou un gars. Par exemple, Julien c’est pour un gars et Juliette c’est pour une fille. Donc, je pense que c’est une fille.
    - Les noms peuvent s’écrire de différentes manières. Par exemple, Léonie pourrait s’écrire Léony et pourtant je suis quand même une fille.
    - Pixie est capable de mettre ses jambes autour du cou. Ce sont les filles qui aiment la gymnastique.
    - Non, pas nécessairement. Mon père était professeur de gymnastique.

    Que de souvenirs. La puissance de réflexion des enfants m'étonnent toujours et ce qui a été particulièrement intéressant lors de cette CRP, c'est que nous avions pris le temps de clarifier les questions et d'amorcer un peu la réflexion avant de choisir ensemble la question qui nous intéressait le plus...

    Que d'agréables souvenirs!


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